Simon n'est que le résultat d'une brève relation entamée entre deux semi-remorque. Judie Dirt était serveuse dans un miteux et petit restaurant routier qui occupait la bordure d'une grande route à cette époque, et Dan Jefferson était un routard sillonnant le continent Américain, se présentant comme un type sans histoire qui n'avait aucun véritable objectif dans la vie. Ils n'étaient alors que deux inconnus, sans le moindre point commun, bien incapable d'expliquer ce qui s'apprêtait à suivre.
Ce n'était que l'histoire d'une nuit, sans la moindre suite. D'ailleurs, Judie et Dan ne ce sont plus jamais revu après cela. Elle n'avait gardé que de lui le souvenir de son parfum, le souvenir de ce moment passé à l'abri des regards...ainsi que quelques traces de son sang.
Judie Dirt n'était pas aussi frêle et sans défense que ce qu'elle paraissait. Bien au contraire. Elle était une sorcière, répondant et sacrifiant sous les ordres d'un démon. Elle n'avait aucun mal à tuer, pas le moindre regret, seulement une vive excitation lorsque la lame de sa dague venait effleurer, trancher, poignarder le corps de ses proies. Surtout lorsque l'une d'elle cachait la véritable identité d'un chasseur.
Dan Jefferson n'était pas le premier à disparaître sur les routes, ni même le premier a s'être fait surprendre en sentant un vive douleur entre les omoplates. Non, Dan Jefferson n'était qu'une victime supplémentaire, mais à la différence des autres...il avait laissé bien plus que de simple souvenir à la sorcière.
Devant un miroir, Judie Dirt s'était longuement interrogée sur ce qui poussait à l'intérieur de son ventre. Un couteau à la main, elle avait à plusieurs reprise hésité a se poignarder cette horrible déformation ventrale. Contrairement à d'autre, et communément à certaines, Judie Dirt détestait déjà la chose qu'elle portait. Considérant son enfant comme une tumeur qui venait lui compliquer l'existence, une insignifiante chose qui méritait de crever. Et pourtant, Judie Dirt ne trouva jamais le courage d'accomplir sa haine envers l'enfant qui grouillait dans son ventre, elle se contentait de dévisager cette rondeur, car le démon ne voyait pas cet enfant d'un si mauvaise oeil. Si elle voulait s'en débarrasser, elle devrait attendre.
Simon est né, dans une chambre de Motel, neuf mois-et-demi après sa conception. Judie Dirt n'avait fait que regarder l'enfant qui criait entre ses jambes. Forcé de s'en occuper, Judie Dirt ne donnait que la minimum nécessaire à son fils, lui trouvant un prénom seulement pour faire bonne figure. Plus l'enfant grandissait et plus la sorcière sentait son pouvoir lui échapper, priant sans cesse le démon afin de recevoir l'ordre de tuer cet asticot. Mais jamais le démon ne prenait la peine de répondre, en tout cas, pas jusqu'à ce que la sorcière se décide à prendre les devants.
-Judie...Se manifestait un homme aux yeux noirs, tandis que Judie Dirt armée d'un couteau s'approchait de l'enfant. Je n'ai pas souvenir que vous ayons convenu cela. D'un claquement de doigt, le démon s'était emparé de l'enfant.
-A quoi ça rime tout ça ! Il me vide de toute mes forces...une misérable sangsue, c'est tout ce qu'il est ! Débarrasse toi de lui ! Qu'est-ce que tu attends !!! Crachait la sorcière.
-Calme toi Judie. Ce n'est pas une façon de traiter un enfant voyons. Calme toi. Souriait le démon en allant déposer l'enfant dans le tiroir de la commode qui servait de berceau. Combien d'années ce sont écoulées depuis notre première rencontre Judie ? Cent, cent cinquante...un peu plus peut-être.
-Non. S'il te plaît. Je peux encore te servir. Commençait à sangloter la sorcière, son visage prit entre les deux mains du démon.
-Oh, mais je n'en doute pas Judie. Tu es une sorcière bien obéissante, puissante, efficace. Tu pourrais encore me servir, c'est vrai. Mais la question qu'il faut se poser est; est-ce que tu veux encore me servir ?
-Bien sûr que je le veux. S'il te plaît, ne m'abandonne pas.
Le démon observait la sorcière qui s'était agenouillée devant lui, lui tenant toujours ce visage toujours aussi jeune malgré les années. Judie plongeait son regard dans celui de son maître, un regard suppliant. Caressant le visage de sa servante, la main du démon exerçait une pression beaucoup plus brute sur le menton de la sorcière afin que son regard ne puisse contourner le sien.
-Alors, dis-moi pourquoi tu chercherais à te détacher de notre accord ? La voix du démon se faisait un peu plus grinçante, ses dents blanches semblant beaucoup plus acéré qu'au début. Judie retenu sa respiration pendant quelques secondes. Son regard laissant apparaître la peur. Tu pensais vraiment que je n'allais pas m'en rendre compte ? Tu es bien plus bête que ce que j'aurais pu imaginer.
-Pardon, pardon, je...
-Ferme là ! Je n'ai que faire de tes excuses. Tu as voulu me trahir, après tout ce que j'ai fait pour toi. Toute ces autres que j'ai décidé d'abandonner pour te laisser ta chance, pour te permettre de devenir ce que tu es aujourd'hui...tout ça pour finalement se faire poignarder dans le dos.
-Pitié, pitié, demande moi ce que tu veux. Je le ferais, mais pardonne moi. S'il te plaît. Se prosternait-elle aux pieds du démon qui la souleva dans les airs d'un simple geste de la main pour ensuite l'envoyer contre le mur de la chambre.
-Comment peux tu encore me demander de te laisser une chance. Tu as déjà eu bien plus de temps que ce tu méritais...tu peux remercier ton enfant pour cela. C'est vrai, il est arrivé au bon moment. L'occasion pour moi de me débarrasser de toi, sans pour autant perdre un de mes pions. Dans quelques années, il sera parfait pour prendre la suite de sa sale petite chienne de mère. Qu'est-ce que tu en penses J...
La sorcière avait disparus de l'emprise du démon, ce dernier se hâtant de balayer du regard la chambre...
-J'en penses que j'ai bien l'intention de te la mettre profond... Réapparaissait Judie derrière le démon avant de faire évaporer l'enfant en l'aspergeant d'une poudre blanchâtre. Dissitus ! S'exclama Judie en tenant sa main devant le démon qui aussitôt traversa la pièce. L'occasion pour la sorcière de fuir, mais la porte devant-elle se refusa de la laisser passer.
-Joliement tenté ! Se relevait le démon. Mais hélas, tu ne peux pas gagner...pas cette fois. A nouveau, les yeux du démon ce sont obscursies.
19 years later
-Wao mec...c'est quoi cette merde ? Je plane sévère...
-Plantation personnel...
Allongé sur le sol de sa chambre, Simon avait le regard fixé sur le plafond, un sourire béat, comme celui que tenait son ami Andrew. Une odeur étrange planait dans l'atmosphère, une odeur d'herbe brûlé.
-Non sérieux...ça ne ma jamais fait ça auparavant...allez crache le morceau. Où tu as choppé ça ? Rigolait bêtement Andrew.
-Je sais plus...je crois que... Simon était bien incapable de terminer sa phrase, bien trop occupé à succombé à l'effet de leur joint. Soudain, on frappa à la porte de la chambre, aussitôt suivi d'une voix bien familière aux oreilles de Simon qui aussitôt se redressa.
-Simon ? Tu es là ? Je peux entrer ?
-Euh...oui, non...attend ! Se précipitait le rouquin en ouvrant la fenêtre et planquant le morceau de join sur le rebord, invitant prestement Andrew à se relever. Putin, bouge toi ! On va se faire déchirer...allez, aide moi à virer la fumée de... Mais la porte s'ouvrit, laissant apparaître une femme d'une quarantaine d'année, grimaçant aussitôt après avoir humé l'air.
-Simon ? Ça va ? Mais qu'est-ce que... Elle dévisagea un moment la pièce, juste avant de remarquer la fenêtre grande ouverte et l'air endormi et euphorique d'Andrew. Sans attendre plus longtemps, elle se dirigea vers la fenêtre pour y trouver le morceau de joint qui attendait sur le rebord. Simon, ne me dis pas que c'est...ok. Andrew, je te raccompagne chez-toi. Simon, on en reparle à mon retour.
-Bon courage... Se marrant son ami qui détalait de la chambre, se retenant difficilement de rire sous le regard sévère de Sarah Willer.
Sarah et Henry Willer ont adopté Simon, il y a de ça huit ans, sans ce douter que le jeune homme leur causerait ce genre de problème avec le temps. Ils savent très peu de chose sur Simon, si ce n'est qu'il avait été retrouvé sur une bordure de route alors qu'il devait que quelques mois derrière-lui. Personne ne pouvait encore suspecter la nature de Simon, personne ne pouvait imaginer qu'il était le fils d'une sorcière certainement disparus aujourd'hui. D'ailleurs, ce n'est que vers l'adolescence que Simon réalisait sa différence. De là, il commençait à se pencher sur quelques sujets 'ésotérique', pour finalement s'intéresser de plus près à quelques écrits de sorcellerie. Une attirance qu'il ne pouvait pas expliquer, tout comme cette attirance pour les substances illicites.
-Tu nous avais promis d'arrêter. Désespérait Sarah autour de la table du salon, au côté de son époux Henry.
-Tu te rends compte un peu du mal que tu te fais avec ça ? Non franchement, Simon, je te pensais plus intelligent que ça. Comment veux-tu que l'on te fasse confiance...tu n'as pas besoin de ça.
Simon fuyait le regard inquiet de ses parents adoptifs. Ce n'était pas la première fois qu'il se faisait surprendre ainsi, mais Simon ne se sentait jamais aussi bien qu'après avoir inhalé quelques bouffés de cette 'cigarette miracle'. Elle avait le don d'irradier les appréhensions, les inquiétudes, pendant un laps de temps Simon se sentait enfin libéré de toutes ses préoccupations quotidiennes.
-Je sais, j'ai fais le con...mais...promis. C'est la dernière fois.
-Simon, tu nous dis ça à chaque fois. Et à chaque fois on te reprend à faire la même bêtise...
-Ouai, je sais, c'est bon, pas la peine de...c'est que de temps en temps. Je vous le jure. Je suis pas comme ses types qui se drogue.
-Ok, c'est toujours la même chose avec toi. Tu ne veux rien entendre...allez, retourne dans ta chambre. Ça ne sert à rien. Mais sache que je prendrais rendez-vous avec le médecin pour que l'on trouve une solution. Que tu le veuilles ou non.
Agacé, Simon quitta la table, remontant jusque sa chambre où il avait l'habitude de se réfugier après ce genre de conversation. Il s'en voulait de jouer ainsi que la bonté et la confiance de Sarah et Henry, mais c'était plus fort que lui. Il ne pouvait s'empêcher de décevoir son entourage. Prenant un instant pour se calmer, Simon finit par sortir un livre de sous son lit. Un vieil ouvrage retiré de la réserve de la bibliothèque de la ville. Un ouvrage à la couverture noir, aux pages retraçant des rituels, des notices de maléfices, ou bien encore des malédictions dont seule la lecture pouvait hérisser les poils des bras. Simon feuilletait rapidement cet ouvrage, s'arrêtant sur un chapitre: Memory's Spell.
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